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"Monsieur" : film émouvant sur les castes en Inde vécues de l'intérieur

Premier long métrage de l'Indienne Rohena Gera, "Monsieur" a été récompensé à la Semaine de la critique cannoise, au festival de Saint-Jean-de-Luz et au festival de Cabourg. C’est dire si le film réunit la critique et le public sur un sujet local s’agissant des rapports de classes, ou de castes, en Inde. Une jeune villageoise entre au service d’un riche citadin et son charme va le troubler...

Si le système très cloisonné des castes régit la société indienne, il semble difficile de l’évoquer, tel un tabou. Qu’un film indien le traite de front est d’autant plus étonnant de la part d’une réalisatrice qui apporte beaucoup de tact dans son écriture et sa mise en scène. Villageoise, Ratna veut devenir créatrice de mode. Pour ce faire, elle se rend à Mumbai et devient domestique chez Ashwin, issu d’une riche famille dont le mariage vient d’être annulé. Elle finance ainsi sa survie, envoie de l’argent à sa mère et finance les études de sa sœur. Progressivement, Ashwin est séduit par Ratna, mais leur différence de classes va les empêcher de vivre leur amour.

Rohena Gera réalise tout en discrétion "Monsieur" comme si elle identifiait son film à son héroïne effacée. Ratna glisse silencieusement dans l’appartement moderne de son riche employeur. Impeccable dans son service dévoué, sa petite chambre est moins son refuge que la cuisine où elle passe le plus clair de son temps, et où elle mange assise à même le sol tel que le veut sa caste campagnarde. Inimaginable de se soustraire à cet usage, selon elle, malgré les engagements de Ashwin à s'en affranchir. Il en va de même pour leurs sentiments l’un envers l’autre, pris entre obligations professionnelles, pécuniaires et sociétales.

Petite souris observatrice

Cette persistance immuable des traditions, qu’un œil occidental jugera sans doute arriérées, transparaît dans le délicat traitement qu’en donne la cinéaste. A l’image de Ratna, aucune ostentation n’en émane. Le message n’en gagne que plus d’impact. Cette force tranquille n’en dénonce pas moins un conservatisme dont l’idéologie parasite jusqu’aux sentiments et empêche les êtres de se réaliser. Rohena Gera n’est pas militante, mais dresse un constat, comme une petite souris observatrice de l’emprise de conventions sur l’intime.

Un beau film sensible et touchant où l’actrice Tillotama Shome éclate par sa beauté, sa grâce et sa sobriété de jeu. Une dramaturgie en demi-teinte sert un propos fort qui interroge au-delà de la société indienne les us et coutume sous nos propres latitudes. Un premier film, rare production franco-indienne, qui a rencontré son audience et promet de l’avenir d’une réalisatrice talentueuse.

Sources : Culture Box

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